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Le monde des symboles, leurs descriptions et interprétations à travers les âges et les civilisations. Dictionnaire évolutif et entièrement gratuit.

Le symbolisme du blanc

Le symbolisme du blanc

Étymologie :

Le mot BLANC provient du germanique « blank » qui signifie brillant, clair, sans tache, mais aussi nu.

 

Généralités

Le blanc est paradoxal car, bien qu’il contienne la totalité des couleurs du spectre lumineux, il apparaît à l’œil humain comme une absence de couleur. Le blanc n'est pas une couleur solaire. C'est le moment du vide total entre la nuit et le jour [1].

L’arc-en-ciel et le blanc sont liés. Le premier présente la lumière du second de façon fragmentée, décomposée. La lumière est une totalité ; elle renferme toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Le transparent incolore est aussi nommé « blanc », comme le verre blanc par exemple. Le diamant est dit « brillant », lumineux, étincelant. Il est fait de lumière blanche.

La blancheur de l'aube fait place aux rougeurs de l'aurore. En tant que couleur de la pureté, le blanc n'est pas une couleur positive mais une couleur neutre. A l'origine, la blancheur est sans couleur, passive, peut-être même sans vie, neutre comme la mort et la blancheur des os.

Le blanc est synonyme de propreté. Le champ opératoire qui doit être d'une propreté absolue est délimité par des draps blancs (aujourd’hui verts, voir symbolisme du synople).

Il est aussi la couleur de l’initiation. Le candidat, mot qui vient de « candide » (candidus), signifie « blanc ». En Afrique noire, dans un rituel initiatique, les garçons s’enduisent le corps de blanc kaolin avant la circoncision. Une fois la retraite terminée, ils s’enduisent de rouge [2].

Les occidentaux ont la peau claire. On dit qu’ils sont « blancs ». Cette blancheur toute relative, est due à une dépigmentation de la peau qui a permis l’acclimatation des humains venus d’Afrique et d’Asie, en Europe.

Le blanc peut être positif comme négatif. Le lait est blanc, il est nourrissant, bénéfique. Chez l’écrivain, la page vide provoque l’angoisse de la « page blanche ». Remplir la page est pour lui un travail qui lui semble impossible, à son début, et c’est seulement lorsqu’il aura écrit quelques mots qu’un fil conducteur se déroulera pour former des phrases, des paragraphes. La page sera noircie de caractères qui occuperont le vide angoissant.

On dit que casser du verre blanc porte bonheur. Il s’agit ici, non de blanc, mais de transparent non teinté. Autrefois dans nos campagnes, voir un cheval blanc portait aussi bonheur. Il est devenu rare de nos jours.

Le Yin et le Yang

Le Yin et le Yang

Héraldique

Dans la science des blasons, le blanc se dit « d’argent ». Voir Héraldique.

 

Le blanc et la mort

Primitivement, le blanc est la couleur de la mort et du deuil : linceul, suaire, os, dents, crâne, cadavre livide. La lumière est le feu, c’est-à-dire le rouge.

Lors d'une exécution capitale, le condamné est réveillé à l'aube. Il porte le plus souvent une chemise blanche comme le veut une certaine tradition. Cette chemise est un vêtement de soumission et de disponibilité, comme le sont aussi l’aube des communiants et la robe de la fiancée conduite au mariage.

La mise en terre dans un drap blanc est un symbole de mariage avec la Terre, l’ancienne déesse Gaïa, ou aussi Déméter [3] et sa fille Perséphone.

Les cheveux blancs peuvent avoir deux significations : Ils représentent la sagesse, mais aussi la vieillesse et la fin de la vie. Dans l’antiquité, un homme ayant atteint l’âge de 50 ans était un sage. Il avait encore quelques années devant lui avant que la décrépitude de la vieillesse l’entraîne dans la mort.

 

Le mariage

La robe blanche depuis les temps anciens est portée par la jeune femme le jour de ses noces. Il ne s’agit pas d'une « robe de mariée » comme on le croit généralement mais de la robe de celle qui va vers le mariage. C’est une robe de soumission envers l'homme. Pendant la nuit de noces la robe immaculée sera tachée (ou non) de sang si la fiancée est vierge. Le blanc est fortement associé à la virginité et à la « pureté » dans le sens phallocratique du terme. Le rouge du sang rend la femme impure (toujours d'un point de vue masculin) quand celui-ci vient des règles, des menstrues. Ce sang impur « souille » les linges de la femme, et l’homme oriental et gynophobe s’en écarte. Au contraire, pour consommer le mariage, le marié déflore la jeune femme. Le sang qui en coule serait la « preuve » irréfutable de sa virginité, selon les coutumes et croyances archaïques encore en pratique dans beaucoup de cultures existantes.

Depuis quelques décennies, en Occident, avec l’émancipation des femmes, la laïcité et l’anticléricalisme, la robe blanche n’est plus un symbole de virginité. Les femmes se marient en blanc car la robe nuptiale est devenue le symbole du mariage, et uniquement du mariage. La sexualité d’avant la cérémonie n’a plus aucune espèce d’importance, en tout cas de moins en moins.

 

Science sacrée

Le blanc est la couleur de l’Est, c’est-à-dire de l’aube (alba signifie « blanc »), et du point du jour qu’on ne doit pas confondre avec l’aurore qui, elle, est rouge, ou rose, et safran. Tôt le matin, alors qu’on ne voit pas encore le soleil, la nuit noire commence par blanchir. C’est l’aube. Puis le ciel, à l’horizon, se colore. C’est l’aurore qui est là. L’aube est un moment de vide entre nuit et jour.

On peut reconnaître par analogie les trois étapes principales du Grand Œuvre alchimique : l’œuvre au noir (la nuit), l’œuvre au blanc (l’aube), et enfin, l’œuvre au rouge (l’aurore).

L’Île blanche, la Thulé des Grecs et la Tula hyperboréenne, est un centre spirituel primordial. Elle est le séjour des bienheureux. La Montagne Blanche polaire, quant à elle, se trouve sur l’île verte celtique [4]. (pour le Vert, voir Sinople).

La plupart des peuples ont fait du blanc la couleur de l'Est mais aussi de l'Ouest [5] . Il marque un début et une fin, ou plus exactement une transition entre la fin de la nuit et le début du jour ; et ensuite entre la fin du jour et le début de la nuit. (voir Ouroboros / le début et la fin qui se rejoignent.) Cette couleur de passage est celle des « rites de passage » par lesquels l’adolescent ou le candidat va être initié selon le schéma classique de la mort et de la renaissance. Le blanc de l'Ouest est mat comme les os des morts. Le blanc de l'Est au contraire, est brillant. Il annonce la résurrection du soleil, c'est à dire le retour de la lumière.

L’opposé du blanc est le noir, sa « contre-couleur ». L’un est Lumière, l’autre est Ténèbres. Ils sont complémentaires : les ténèbres révèlent la lumière, et la lumière révèle les ténèbres. Sans l’une, l’autre n’existe pas. Le damier, l’échiquier, le beauceant, étendard des Templiers, parti de sable (noir) et d’argent (blanc), sont des symboles de cette règle de révélation des contraires et des complémentaires. La lumière au fond du tunnel apparait blanche ; en revanche, un puits sans fond apparaît noir. Sans contraste, le blanc ne se discerne pas. En Extrême-Orient, le Taiji tu est le symbole de la dualité du yin et du yang. Il est une parfaite illustration de la complémentarité du blanc et du noir. Si on mélange le blanc et le noir, on obtient une couleur neutre : le gris. Comme la cendre, le gris est inerte. (Voir symbolisme de la cendre).

 

Polythéisme, mythologies de l’Antiquité

Selon Virgile, le dieu Pan était blanc comme neige et séduisit la Lune. « Pan était le principe universel fécondant la nature. La lune, principe féminin », n’est pas une image de la femme. C’est un principe récipiendaire mais non transformateur car c’est à la Terre que revient ce principe de transformation et de création. La lune n’est qu’une étape. Nous ajouterons que dans certaines cultures, les rôles sont inversés : la lune est mâle et le soleil femelle —, la Lune donc, est « symbole de la matière qui reçoit et réfléchit la vie (…) » [6]

Jean le Lydien attribue la couleur blanche à Jupiter [7]. « Les Romains : le premier jour de janvier, le consul, vêtu d’une robe blanche, montait au Capitole sur un cheval blanc, pour célébrer le triomphe de Jupiter, dieu de la lumière, sur les Géants, esprits des ténèbres » [8].

 

Bouddhisme

L’éléphant blanc est un animal sacré. On dit que la reine Maya aurait conçu Bouddha (le prince Siddhârta) d’un jeune éléphanteau blanc.

Figuré seul, l’éléphant blanc symbolise la sagesse, la patience et la mémoire du Bouddha. Lorsqu’il se trouve au sommet d’un pilier, il illustre l’éveil de la connaissance [9].

 

Judéo-christianisme

« Les prophètes voient la Divinité revêtue d’un manteau blanc et d’une barbe blanche ou comparée à de la laine pure (Daniel, VII et X) » [10].

Lors de la Transfiguration, le visage de Jésus devint brillant comme le soleil, et ses vêtements blancs comme la lumière (Mt. XVII, 2).

Au tout début du christianisme, le baptême était un rite initiatique et se nommait l’« Illumination ». Après avoir prononcé ses vœux, le nouveau chrétien naissait à sa véritable vie. Il revêtait, selon le Pseudo-Denys, des habits d’une éclatante blancheur.

 

Islam

Le blanc (abiadh) est aimé et porté par le Prophète [11]. Il est aussi la couleur du linceul et symbole de la mort et du deuil.

Parfois, et même souvent, nous dit Malek Chebel, par antiphrase, on utilise le terme abiadh qui signifie « Blanc », « Blancheur » pour désigner le charbon. Dans l’ouest algérien, on l’utilise pour désigner le khôl, cosmétique noir, fabriqué à partir de la noix de galle [12].

 

____________________

Notes et références

[1] Chevalier, Jean ; Gheerbrant, Alain, Dictionnaire des Symboles. Edition revue et corrigée, Robert Laffont, Paris 1982, p. 99 (Blanc).

[2] Ibid.

[3] Chevalier, Jean ; Gheerbrant, Alain, ibid.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] Portal, Frédéric, Des couleurs symboliques dans l’Antiquité, le Moyen Âge et les temps modernes, Edit. Treuttel et Würtz, libraires, Paris, 1837, p. 39.

[7] Portal, ibid.

[8] Portal, ibid. p. 40.

[9] Fontana, David, Le langage secret des symboles, Solar, Paris, 1995, p. 90.

[10] Portal, Frédéric, Des couleurs symboliques dans l’Antiquité, le Moyen Âge et les temps modernes, Edit. Treuttel et Würtz, libraires, Paris, 1837, p. 35.

[11] Chebel, Malek, Dictionnaire des symboles musulmans, Albin-Michel, Paris, 1995, p. 123.

[12] Chebel, ibid. Voir aussi Marçais, L’Euphémisme et l’antiphrase dans les dialectes arabes d’Algérie, p. 433.

 

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J
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J
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